16 octobre 2005

Poèmes de Carole Menahem-Lilin

Poèmes à cerise de peau
Le temps me moque
Le temps m’égare

Parfois
Je voudrais mordre le printemps aux joues
M’accrocher aux nuages flous
Comme aux jupes folles des fées

Rejoindre enfin à sa fenêtre
Ce blanc visage qui me regarde
Depuis là-bas, depuis toujours
Dans la tour de ma nuque
La chambre de mon front…

Toi qui m’attends, depuis jamais
Sans que je retrouve l’adresse
Le labyrinthe ni l’escalier…

Mon ciel étroit
Mon autre, mon antre
Le nid de poitrine
Mon angine d’ardeur
Mon moi
Mon double, mon frère promis

Toi qui me guette d’avant le temps
Et que je ne rejoindrai jamais, peut-être
Dans les labyrinthes du sang

Mon double pourtant, la doublure de mon nom
La faim de mon enfance
Mon parfum de groseille
Oh mon repos
Mon amour de rocher, mon brouillard dans les taillis
Mon chevalier ami
Mon ardeur, ma merveille et mon sang de dragon…

Le temps me moque, le temps m’égare
Je voudrais mordre le printemps aux joues
Cingler les jupons mous des fées

Et je te cherche encore
Avec le même chagrin, la même impatience
Dans l’escaliers des bars
Dans les couloirs des nuits
Dans le corps des sanglots
Et l’aube éprise des forêts

Mon amoureux du septième jour et du temps retrouvé
Dans un vertige je rejoindrai ta bouche
Et je me nicherai dans ta poitrine
Je serai ton secret
Ta petite sœur de poitrine
Je suis ton secret déjà je suis
Au secret dans le nœud de ta gorge
Et quelquefois je pleure
Je te pleure avec tes larmes
Je pleure dans tes yeux
Ce nid de nous deux refusé
Une certitude que je pressens
Une complétude que je connais
Un amour simple que j’ai perdu
Je ne sais quand… je ne sais où

Le temps me moque, le temps m’égare
Je ne sais plus, je ne sais où…





Poème de Carole Menahem-Lilin d’après un dessin Nu_Arbre de M-L Joffre

Ramées

Le nu se fait feuillée
Bourgeons éclos à même la peau
Paupières, lèvres et vulve en un seul surgissement,
En un bouillonnement du songe,
livrés.

Sur le ventre
S’est ouverte la blessure
Délicate,
Comme feuille dépliée
Comme coquillage,
Comme chagrin d’enfant








Poème deCarole Menahem-Lilin écrit en pensant aux encres Nu_Arbre de M-L Joffre et en particulier aux deux encres ci-dessus


Femme puzzle, dansant


Seins dressés hauts
Hanches mandoline
Elle va
Balançant sa vie
Dans les rues difficiles.

Dans sa démarche
Comme en une guitare
La musique résonne.

Un oiseau entre les deux yeux
Un cadenas barrant son ventre
Elle ondule
Son désir enchaîné

La beauté s'émiette et s'éparpille.
Sur sa peau lustrée,
Sur son visage offert,
Les visages,
Les peaux se reflètent.

Sa beauté est l'une des clés
Du puzzle de la ville

Son corps est lui-même un puzzle

Elle porte les cicatrices
Et les émois
De ceux qui la traversent
Dans un tendre oubli.

Tous les passages
Les ombres voûtées
Les chaleurs du marché
Les immeubles tressés par les vols d'hirondelle et
Les émanations bleues de l'essence
Elle les porte
Tatoués
Sur ses seins orgueilleux
Sur son ventre dansant

Elle vit avec, elle vit malgré
Malgré les interdits
Avec les questions sans réponse
Elle va, son désir persistant

Dans son sac à dos
Elle a fait provision
De sereines imperfections
Minuscules gaietés
Rouges fruits de saison

Les violences et les trahisons quotidiennes
font à sa chevelure
quelques boucles supplémentaires.

Trahisons : étoiles sombres, retournées
Déceptions : oiseaux fous dans leur cage,
A libérer.

Elle libère.
Elle détourne.
Elle est gaie
Elle aime.
Et cet amour qui l'enveloppe
Dans les rues difficiles
Lui fait des yeux de bout du monde.







Pour visiter Poé-graphie, le site personnel de Carole Menahem-Lilin http://carole.lilin.free.fr/

Le site http://quartierdorange.free.fr/présente les activités proposées par l’association montpelliéraine « Quartier d’Orange »
Ateliers d’écriture pour enfants, adolescents et adultes
Café littéraire mensuel « Poésie en bouche »
Y sont publiés des textes créés lors des ateliers ou stages et des poèmes lus à l’occasion de Poésie en bouche






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