20 septembre 2010

Texte de ValérY Meynadier

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Le cri des vuvuzuelas

par ValérY Meynadier, dimanche 19 septembre 2010, à 19:17. Publié dans la Gazette de Montpellier, N°1150, du 1er au 7 juillet 2010

« Le football est aimé. Pourquoi est-il aimé ? Je vais vous le dire. Parce qu’il n’a aucune vérité » répondait Michel Platini à Marguerite Duras

Une ruche dans la tête, il pousse la porte capitonnée de sa suite, une enfilade de pièces avec salle de bain, cuisine, salon, chambre, reliés par un épais couloir. Mort de fatigue, il rentre dans son tombeau, il ressuscitera demain. Le silence grésille. Quel match ! Il s’allonge à grand peine, c’est dur de redescendre. Son sourire de pare-brise éclaté plane un instant dans l’air. Il revoit tout : la pelouse jaunie par le froid, les 130 décibels des vuvuzuelas, l’équipe adverse... c’est comme de sentir la solitude, soeur jumelle de l’univers, s’étendre dans l’infini des étoiles. Le ballon parfois lui semble si loin, la pelouse si noire, le public si minuscule, ne reste que la combustion de l’effort qu’il fournit. Le carton jaune le ramène à lui, il s’est agrippé. Puis cette passe décisive, but ! Cri de roche. Il marche sur la lune.
Il s’enveloppe de son linceul de brocart. Quelle chambre ! Quand le miroir de Venise avec son décor d’inséparables et de lys argentés lui tend son visage : au fond de ses yeux : un amas de cicatrices, un nez de vigne morte... Ce n’est pas là un sportif de haut niveau.
Il se dégage précipitamment du couvre-lit, il court ouvrir la fenêtre. Il ne sait plus marcher normalement. Dans ses rêves, il court encore, il dégage le ballon, il feinte, dribble, il plonge, penalty... Ses rêves singent le réel. Il a perdu des litres d’eau sur le stade. Dans les vestiaires, ils se sont écharpés. Ça bourdonne sous sa peau.
Le ciel est bas, d’un gris cendré si lourd. Et s’il plongeait dans l’océan indien ? Soumis à un contrôle permanent. Ce qu’il mange, ce qu’il boit, son taux d’hormones, combien de temps, il dort, combien de temps, il reste éveillé. Ses cadeaux d’anniversaire sont jetés sur la place publique. Bientôt ses pensées. C’est ça qu’il a vu dans ce miroir de sorcière : un homme mort. Il pense à ses enfants, à la joue de son petit dernier, au duvet de la joue de son enfant, ma poussière d’ange. Ils sont en train de tuer sa famille. Les embruns portés par le vent lui volent ses larmes. Il a envie de hurler. Quelle mascarade ! Il comprend, il comprend tout !
Les vuvuzuelas sont là pour couvrir les cris, tous les cris du monde... De guerre, d’orgasme, un milliard de préservatifs couvre la Coupe du Monde, il faut le savoir, les cris de folie, tout se sait, les cris de honte, quarante mille putes sont balancées, se balancent, les cris des malades : un sud africain sur dix a le sida, et ses zones de restriction commerciale d’un kilomètre ou deux autour des stades, les petits commerçants sont chassés de leurs rue et crient à l’injustice ! Même la pelouse va se mettre à crier, certains stades seront désormais partiellement constitués de gazon synthétique !
Ils ont brisé son rêve d’enfance.

Demain, il achète des Vuvuzuelas à ses petits et il claque la porte.

ValérY Meynadier





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06 septembre 2010

Les fleurs du Bien, peintures de Joëlle Gicquel

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1  Les fleurs du Bien et Gabriel, peinture à l'huile, 73 x 92 cm
2  Les fleurs du Bien et Raphaël, peinture à l'huile, 73 x 92 cm
3  Les fleurs de Raziel I, peinture à l'huile, 65 x 81 cm
Les fleurs de Raziel II, peinture à l'huile, 53 x 73 cm




Des fleurs très originales, fleurs de chair sur lesquelles on ne peut pas mettre d’étiquette ! Membranes pleines de sang, serties d’une géométrie sévère de vitrail, s’exacerbant en pointes de fuite de feu brûlé ! Matrices solidement plantées, moelleusement renflées, abritant en leur cœur coquelicot des réminiscences de Renaissance. Un travail de mémoire subtil, habité du flux palpitant de la vie…
Marie-Lydie Joffre



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Joëlle Gicquel









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