17 décembre 2011

Poème de Christine Jouhaud-Mille



Les mots de Christine Jouhaud-Mille égrainent les silences de l'impalpable clapotis du temps. On entend un phrasé inédit, forgé au fil d'araignée, écoutez…




Femme dans son lit de galets

Dans le lit à sec du torrent
le corps d’une femme
à  la posture couchée
à  été conté
               Elle est nue

Façonnée en galets arrondis
et assemblage syllabaire
               Tê-te, bus-te, br-as, jam-bes

Ses rondeurs
               en cailloux
polis par le frottement
               Seins, han-che, fes-se, cuis-se

Science des couleurs,
du modelé, manière
savante à créer
               cet être camaïeu

Elle n’est pas faite de chair
mais bien de pierres et pourtant
chacun de ses attributs féminins
               exulte

S’ensuit dans cette lecture sculpturale
un biaisé léger, contraignant
le large thorax
à  chavirer sur le côté
son sein oblong
teinté sable et veines sombres

Deux roches bombées figurent
ventre doré et bas ventre marbré d’ocre.
Beauté du galbe :
d’un même bloc cendré émergent
               le haut de la hanche jusqu’à
               la pliure du genoux

Sur  le traversin minéral
repose l’ogive
rehaussée de coulures serpentines
et d’une coiffe en galet gris
La gisante
               est de ses
               souvenirs à lui
le lapidaire
               ne lui a
               donné
               aucun regard
Rien…
même pas un soupçon d’yeux

Le soleil joue
               les lumières et les ombres
au fil des heures
               lui insufflant
               des mouvements infimes

Puis-je espérer…
              Je veux croire au songe
Que cette nuit
                              nous nous retrouverons
sur ce lit de galets.


 Christine Jouhaud-Mille





Le poème vient d’être publié aux éditions Chèvrefeuille étoilée, dans la revue étoiles d’encre n° 47-48 (Féminin/masculin)
Savoir plus sur Christine Jouhaud-Mille : atelier d'écriture de Carole Menahem-Lilin







Accueil

Aucun commentaire: