23 juin 2006

Texte et poème de Christine Jouhaud-Mille

« Nu » m’a été inspiré au cours d’un atelier d'écriture où Carole Menahem-Lilin nous avait apporté un livre sur le peintre Pierre Bonnard, que je ne connaissais pas.
La photo a déclenché l’écriture sur l’intimité amoureuse de ce couple (j’étais Pierre et sa compagne Marthe). J’ai vécu quelques jours avec ce texte, à rechercher les mots qui ne dissimulent pas l’Amour avec son A majuscule.
Christine Jouhaud-Mille




"Marthe", 1900-1901. Photographie prise par Pierre Bonnard à Montval. Epreuve originale ancienne, conservée à Paris, au Musée d'Orsay. La reproduction utilisée ici provient du livre "Bonnard", d'Antoine Terrasse, édité chez Gallimard en 1988.



Nu

J’avais toujours plaisir à regarder Marthe dans sa nudité.
Nous étions enfermés dans l’écrin de verdure de notre jardin. La nature avait ses droits dans cet enclos.
Le droit de pousser en abondance et cette densité du feuillage nous cachait des regards du voisinage.
J’aimais regarder Marthe poser nue comme une statue grecque. La lumière, retenue par sa peau blanche, révélait ses courbes.
Elle acceptait, patiente, de garder la pause et de me laisser le temps d’esquisser ses formes sur la toile.
Nous vivions ces moments intensément, isolés du reste du monde et de la réalité, baignés de calme et de verdure.
Moi… à la regarder.
Elle… à aimer que je la regarde.
Je voyais, dans ses yeux, ce retour en miroir de notre passion à nous aimer….
Cette intimité exclusive que je donnais ensuite à connaître en exposant mes toiles dans une galerie.

Son corps d’albâtre, pur, sans traces des morsures du soleil, ce corps pris dans la lumière, restait toujours sensitivement en moi, le jour, la nuit.
J’étais imprégné de ce corps, de ces seins, de ces hanches, de cette nuque.
Dans l’intimité de notre alcôve, mes mains avaient le droit de caresser ces courbes que mes yeux avaient vues et que mon pinceau avait interprétées.

Il y avait dans le jardin un endroit propice à nos rencontres.
Sur le sol de petits cailloux blancs réverbéraient la lumière jusque sur ses pieds et ses chevilles, comme une eau claire qu’elle pouvait traverser.
Je posais à ses pieds un tissu de soie blanche qui me rappelait la douceur de sa peau, et la caresse retenue dans mes mains inspirait le trait frémissant du pinceau.

Christine Jouhaud-Mille, 26 janvier 2006


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Poème de Christine Jouhaud-Mille à l’attention de ML Joffre

Je suis un bois flottant
sur la vague mourante
en bordure de la plage.
Je ne suis pas mort
car si tu sais me lire
lorsque ta main vient
me prendre,
tu découvres
l’univers entier
que je garde
en secret
dans mes fibres.






Coordonnées de l'atelier d'écriture de Carole Menahem-Lilin
http://quartierdorange.free.fr
carole.lilin@free.fr


Pour contacter Christine Jouhaud-Mille : c.jouhaudAROBASfreePOINTfr




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18 juin 2006

Poème de Charlotte Zermati

Dans ce poème de Charlotte Zermati, pudique et sensitif, effleuré de mots comme l'étang par les éphémères, tout est dit au plus juste de la profondeur, mêlée à la légèreté quotidienne qui aide à vivre la vacuité dérisoire de la vie.
ML Joffre


Les croissants ! Sur la terrasse bien sûr, là, tout près de
l’eau…
Premier rayon de soleil…
La mer lisse, souriante, observe… écoute…
Mots, petits mots gentils, doux, quelquefois aigre-doux…
Mots et maux, qui tuent ou font vivre….
Mots juste pour parler, échanger, raconter…
Mots, sans mots, percevoir le silence…
Mots pour rire, mots pour jouer...
Mots pour aimer… pour dé-s-aimer… triste
Mots pour consoler…
Mots pour construire, confiance…
Mots, juste pour des croissants…
Sur la terrasse bien sûr, là, tout près de l’eau…



Voir le poème de Charlotte Zermati "Lumière passion" dans la page "Les peintures de Liliane" (9 juin 2006)

Pour contacter Charlotte Zermati : zermaticAROBASfreePOINTfr


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Poèmes de Bernadette Lazard



A ELIO


Le vent d’Espagne m’a apporté ce matin l’étincelle que
Sans le savoir
J’attendais.

Dans les oliviers qui bordent la mer tu es né
Pur, tout baigné de rosé et déjà tant aimé.

J’ai explosé, détonnée tout étonnée
Figeant l’instant
Les yeux enfiévrés à jamais.
De flux en reflux j’ai crié ton nom empreint de soleil
Et je suis perdue
Puisque je ne t’ai pas vu.

Entre nous tant d’oiseaux, de rivières
Et des années lumières
Entre nous, vibrant, des parfums de bonheur
Et devant nous des heures de chaleur,
De baisers colorés et mouillés.

La bougie bleue qui
Depuis ce matin
Eclairait la photo de tes parents,
C’est toi.

Petit astre scintille, respire la terre, le sable et les galets.

Petit poisson volant bon voyage !

(13 janvier 2006, naissance du petit-fils de la poète)

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Premier dimanche de printemps
j'ai vu aujourd'hui
le premier coquelicot
Décapsulé.
Rouge tonique
que je bois avec délice.
Il dégorge
dans ma gorge morte
il monte au cerveau
mon Dieu que c'est beau.
Réveillerait un mort…

Debout, je suis d'accord.

26 mars 2006



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Désertude


La nuit jette un filet sur les vagues des dunes…
Tandis que dans le reg mon empreinte se perd.
Mes yeux secs et broyés noyés d’air dans la brune
Recuerdan las horas de amor cuando amantes eramos
El Miliena chorreando, de las manos hasta nuestros labios
Ils cherchent le temps où nous étions amants
Des mains jusqu’à nos lèvres le Miliena coulant



De toi, ce que j’aimais te révélant toute une
Il ne reste qu’un vide, plein des mots d’hier.
Au fond des blessures dont je frôle chacune
En el jardin de los sentidos, la casa vacia
Un bano negro de cien rosas en la llama muda.
Dans le jardin des sens, dans la maison absente
Un bain noir de cent roses dans le feu muet.


La coupe où nous apparaissait le poisson lune
Gît brisée sous mes pieds, terne dans l’atmosphère
Cuivrée ici alors, et là dans l’infortune.
De cada golpe, me queda una grieta
Y tantas heridas cuya sangre seca.
Meurtrissures pour autant de fissures
Fleurons de morsures dont le sang a séché !


Ton rire éclatant couvre mes pleurs de rancune
Les ténèbres t’absorbent et je me désespère
J’éxècre la terre, et l’envie me répugne.
? y las fiestas locas, nuestras carcajadas ?
Llanto del pasado, el nido deshecho.
Où sont nos beuveries, notre cercle d’amis ?
La rupture crie l’union, seule autour du nid détruit.


L’astre désabusé embrasse en sa tribune
Les sépales séparés, ceux lors recouverts
D’un incendie de pluie, du calice de lune.
En mi dolor sorda, tu silencio goza
Confesion tardia, sin respuiesta tuya.
En la sourde souffrance jouit ton silence
Mon aveu expire un trop tard pour nous parler


10 mars 2006


Pour contacter Bernadette Lazard : bernadettelazardAROBASyahooPOINTfr




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09 juin 2006

Peintures de Liliane

Liliane explore avec émerveillement la peinture, de façon pragmatique.
- Impressions sur "La vague", peinture à l’huile de Liliane
- Comparaison entre "La vague" et la lithographie qui l'a inspirée


Lithographie de Jean Disarny, 50x60 cm

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"La vague" peinture à l'huile de Liliane, 30x40 cm, sur carton toilé, d'après la lithographie ci-dessus



Impressions sur "La vague" peinture à l'huile de Liliane. Echange de courriels, mars 2005

"La vie s’agite dans votre peinture, rythme, élan, poésie, vertige : où sommes-nous? dans un fond sous-marin, fantastique, en bordure de mer? tout se trouble nettement, tout est dans tout, le conflit dans l'harmonie, la douceur dans la tempête, la montagne à la mer, la chimère dans l'écueil, le requin dans le rocher, l'infini dans les parois de glace, les fantômes dans les voiliers lointains, et les hommes soudés à la roche sont-ils rejetés de la mer, caressés par la vague, résistants comme des menhirs?
Un gourmand jaune d'oeuf fouetté crémeux et hop, flocons de champagne à la mer nourricière en grand gâteau d'anniversaire en forme de coeur liquide limpide aux deux seins d'acajou pointus émergeant d'une robe printanière moirée de bleu turquoise, vert émeraude et pointe ensoleillée...

Votre œuvre est forte, empreinte de gaieté, et ça donne du bonheur »
ML Joffre


"J'aime bien les commentaires que vous avez faits sur "ma vague" : en effet, je voulais représenter une mer en mouvement, une vague puissante, c'est le sentiment que j'éprouve toujours en regardant une vague se briser, et j'aime beaucoup cela, (sauf peut-être un peu moins depuis le raz de marée" qui me fait peur) mais bon, aux Canaries, je suis encore allée sauter dans les vagues.
Avec l'huile, j'ai bien réussi à "domestiquer" le tableau à ma façon »
Liliane


Comparaison entre "La vague" de Liliane et la lithographie de Jean Disarny qui l'a inspirée

Inspiration
Lithographie
Brume, mélancolie, demi-teintes
Huile
Transposition très originale tout en clarté, gaieté, agitation. Apport de couleurs franches et d'imaginaire. Haut en couleurs

Composition
Lithographie
Horizon étendu, importance du ciel, falaise en pente douce
Huile
L'horizon est réduit. le ciel est surtout dans l'eau. L'eau personnalisée est sertie par la falaise abrupte, des remparts en arrière plan, et des ro
chers au premier plan

Contrastes
Lithographie
Moiteur d'avant orage. La mer se lance sur les rochers, la vague étreint le rocher.
Huile
Fraîcheur mentholée, bleutée, soleil froid, crème glacée fouettée. les rochers gourmands se jettent à la mer, déplacent les flots

Style
Lithographie
Ciel chargé mais paysage relativement paisible malgré le fracas de la vague. Mélancolie
Huile
Plein de vie. Violence des éléments, habité, bouge de partout. Bruit de gouffre. Lueurs pré-incendiaires dans le ciel. Gaieté. les vagues éclatent comme des pétales de fleurs. Goût de la nature

Vision
Lithographie
Naturaliste teinté de fond flou de brouillard, mystère de l'invisible
Huile
Surréaliste, fond lisse de fjord sur fond d
e sommets de montagnes, mystère du visible


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Voici quelques lignes inspirées par la peinture de Liliane « La vague »


Lumière Passion

Tempête lumineuse
Tempête secrète
Vague puissante, jaillissante
Vague fracassée, reformée
Vague majestueuse, passionnée
Ta puissance me transforme
Ta passion me nourrit
Charlotte Zermati


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"Canaries, lave", photo de Liliane

Ci-dessous, "Canaries, lave", pastel de Liliane, 29 x 21, août 2005















Liliane s’explique :

« Dans la photo, ce qui m'a intéressée : la violence de l'éruption volcanique qui a projeté cette lave. Cette force incroyable, et puis tout à coup, cette immobilité, lave figée à jamais au contact de l'eau en barrière rocheuse noire au travers de laquelle contraste la luminosité de l'océan.

Non, il n'y a pas de partie inventée dans le pastel, j'ai essayé de reproduire ce phénomène le plus exactement possible.

Support : bloc de papier Canson 29 x 21 feuillet noir, lisse, aspect mat (carnet de voyage 1 page blanche 1 page noire)
pastels : crayon carré Conté et pastels Schmincke extra fins souples

Procédé : J'ai commencé par tracer l'ébauche des formes pour reproduire les proportions au Carré Conté. Ensuite, j'ai commencé par le ciel avec le pastel extra fin estompé au doigt, puis la lave avec des couleurs foncées en 1er, toujours estompées, ensuite les montagnes au fond, violet en traits directs, puis l'eau estompée et en dernier, j'ai façonné la lave pour les mouvements avec des traits directs ; ainsi que l'eau.

Enfin c'est à peu près dans cet ordre, car il y a déjà 1 an, et je n'ai plus tout à fait en tête l'ordre ; mais bon, c'est à peu près ce que je ferais si je devais le refaire maintenant. »


Marie-Lydie commente :

Liliane ne se préoccupe pas de ce que l'oeuvre va donner. Elle agit en y prenant du plaisir. Le résultat ne peut être que jubilatoire. C'est d’elle-même que Liliane extrait le savoir.

Photo de Liliane
Equilibre, rigueur
Beau contraste l’apreté sous exposée de la lave figée moutonnant de mystère minéral sombre en écho aux nuages blancs du ciel…

Pastel de Liliane
Dans le pastel on vogue dans la fantaisie. Friande de nourritures terrestres, Liliane réduit le ciel, le hache, sème sur la terre des impressions mauves sur textile, la mer boit le bleu du ciel et la lumière fleurit sur les rochers.
La lave pétrifiée s’agite, prend vie par tous les pores.
Liliane éclaire l’ombre, l’illumine de guirlandes scintillant de joie
Dans ce jardin, on lit des aventures, Adam et Eve nus comme poupon rose, se rencontrent en médaillon central, à droite un ogre terre d’ombre enlève une arlésienne rose caput mortum, il neige sur l’argile rouge, la mer se creuse en cœur sous l’arche surmontée d’animaux fabuleux….





Voir
ci-dessous l'oeuvre au pastel gras de Liliane "Cheminées de fée" dans l'article"Pastel gras : technique mixte" sous la rubrique « le lavis »

Pour contacter Liliane : liliane.peintAROBASclub-internetPOINTfr





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